Kinshasa : 200 jeunes filles qui vivent « à la sueur de leurs corps » resocialisées

Elles sont toutes des jeunes professionnelles du sexe, vivant dans le célèbre quartier « Pakadjuma » situé dans la commune de Limete, au sud-ouest de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, RDC. Elles ont été formées en divers métiers et ont été lancées sur le marché de l’emploi, lors d’une cérémonie tenue le week-end dernier, sous l’organisation du Cadre de récupération et d’encadrement pour l’épanouissement intégral des jeunes, CREEJ.
C’est en effet au cours d’une cérémonie pleine de symboles, que cette catégorie marginalisée de la population, issue d’un quartier, « Pakajuma » tout aussi marginalisé, a été à l’honneur en présence notamment de la ministre de la Formation professionnelle et Métiers, Antoinette Kipulu. Cette dernière s’est félicitée que « Ces jeunes filles non scolarisées du quartier précité ayant bénéficié des formations notamment en coupe et couture, esthétique, coiffure, informatique et alphabétisation ont été lancées sur le marché de l’emploi pour réduire la pauvreté et soutenir leur autonomisation ».
Pour sa part, Mme Pascaline Zamuda, coordinatrice nationale du Cadre de récupération et d’encadrement pour l’épanouissement intégral des jeunes, CREEJ, a, pour sa part, brossé un tableau plus sombre des réalités vécues par les femmes de « Pakadjuma », un quartier de Kingabwa, reconnu principalement pour la prostitution comme source des revenus des femmes et jeunes filles, en associant également d’autres fléaux tels que la drogue et la déscolarisation.
« Aujourd’hui, ensemble avec les membres de notre structure, menons des plaidoyers auprès des autorités congolaises et les partenaires techniques et financiers pour continuer d’accompagner sans faille ces jeunes filles afin d’éviter le pire dans les jours à venir et de peur qu’elles retournent dans les cases du départ », a-t-elle renchérit.
La ministre de la Formation professionnelle et métiers a, au nom du Gouvernement, remis à cette occasion un lot d’ordinateurs et des machines à coudre au Centre qui s’occupe de la pratique pour soutenir les efforts consentis. Quatre bourses d’études pour le Maroc ont également été remises par la Ministre aux lauréates.
Reconnaissantes de leur transformation sociale, les bénéficiaires ont remis des cadeaux, fruits de leurs formations reçues, à la ministre ainsi qu’aux autres invités des marques venus pour la circonstance.
Il sied de noter que le quartier Pakadjuma à Kingabwa dans la commune de Limete, un bidonville de la banlieue, a une image ternie dans la ville de Kinshasa, défiant les bonnes mœurs. La spécialité de ce coin très renommée est la prostitution à ciel ouvert qui commence à un âge de plus en plus bas où « les filles mangent à la sueur de leurs corps ». Pakadjuma est aussi réputé comme un foyer du banditisme urbain appelé communément « Kuluna » pratiqué par les jeunes délinquants.