Massacre de Kishishe : Encore de témoignages poignants…
Le deuil national de trois jours décrété par le Gouvernement Congolais depuis le samedi 3 Décembre 2022 a touché à sa fin. Le massacre Kishishe dans le groupement Bambo, au territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu, a la base notamment de ce deuil national, continue de livrer ses secrets, d’après de témoignages livrés à l’AFP.
Des villageois ont effet témoigné avoir reçu l’ordre d’enterrer les corps dans des fosses communes après un « massacre » rebelle dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo, RDC, qui, selon le Gouvernement Congolais, a fait plus de 100 morts parmi les civils.
« Nous avons mis trois ou six personnes dans la même fosse », a déclaré à l’AFP Rukundo, un habitant de Kishishe, affirmant que les rebelles l’avaient forcé à enterrer les morts.
Un autre villageois, Mukiza, a déclaré avoir vu « six charniers ».
Tous ont déclaré que la milice Maï-Maï est arrivée dans le village mardi et a affronté le M23 soutenu par le Rwanda. La milice Maï-Maï tentait de bloquer l’avancée du M23 vers le territoire voisin de Masisi.
Après ces affrontements et le repli des Maï-Maï, les rebelles du M23 « ont alors commencé à tuer tout ce qu’ils voyaient », assimilant les habitants aux miliciens qu’ils venaient de combattre, d’après de témoignages.
Concernant le bilan de ce massacre, il est difficile de vérifier le bilan de manière indépendante étant donné le manque d’accès à la zone contrôlée par les rebelles, souligne-t-on.
Une source médicale qui a demandé à rester anonyme a indiqué à l’AFP que 117 décès avaient été enregistrés.
« Les rebelles eux-mêmes ont enterré les victimes mardi et mercredi, en disant qu’ils étaient Maï-Maï », a indiqué la source.
Rukundo a déclaré que le M23 avait rassemblé des hommes dans l’après-midi et leur avait ordonné d’enterrer les morts, de nombreuses femmes affirmant que les rebelles avaient tué leurs maris plutôt que les Maï-Maï.
« Avant la tombée de la nuit mardi, 17 corps ont été enterrés. Nous avons enterré chacun d’eux là où ils avaient été tués », a déclaré Rukundo. « Les rebelles nous observaient. Tous ces gens étaient des hommes et des jeunes ».
S’exprimant depuis un lit d’hôpital dans la ville voisine de Bambo, Mugenzi s’est dit « en état de choc ».
« J’ai été blessé à la tête ce jour-là par des éclats d’une bombe lancée par le M23 », a-t-il dit, racontant avoir vu « plusieurs » corps de membres de l’église adventiste.
Mugenzi a déclaré que deux civils ont été forcés de quitter leur maison par les rebelles, qui ont défoncé la porte et les ont abattus à l’extérieur.
« Vers le soir, quand le calme est revenu, un habitant qui allait puiser de l’eau est venu me chercher et m’a emmené à l’hôpital », a-t-il ajouté.
Un législateur local de Rutshuru, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a également estimé le nombre de morts à une centaine.
Un représentant de la société civile locale a déclaré que des sources lui avaient dit que huit autres villageois avaient été tués mardi dans la ville voisine de Kazaraho alors qu’ils récoltaient des haricots.