Tshisekedi décide de précipiter le départ de la Monusco… au risque et péril
La tension est loin de retomber entre la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo, MONUSCO, et les populations locales. Toutes les manifestations populaires de protestation de la semaine passée, ajouter à cela l’incident du poste frontalier de Kasindi ce 1er Août, ont tous le mérite malheureux d’avoir contribué vivement à envenimer la situation. Le Chef de l’Etat Congolais Félix Tshisekedi après avoir écouté les rapports lui présentés ce lundi par différentes institutions du pays et malgré les méa culpa de dirigeants onusiens, envisage clairement un retrait anticipé des casques bleus de la République démocratique du Congo, RDC. Une option qui ne restera pas sans conséquences.
Le bilan sans précédent, des événements autour de la Monusco de ces derniers jours est sans appel : 36 morts déjà répartis comme suit : 13 à Goma, 13 à Butembo dont 4 casques bleus, 4 à Uvira, 3 à Kanyabayonga et 3 à Kasindi. C’est ce que renseigne à ce jour le Gouvernement congolais, qui indique aussi un nombre de 170 blessés.
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Ce lundi 1er Août encore, d’autres bases de la Monusco ont failli faire le frais de la colère populaire, avec des manifestations anti casques bleus à l’Est de la Rdc. On ne le dira jamais assez, ce coup de sang des populations congolaises est l’expression éloquente de l’insatisfaction par rapport aux actions des Casques bleus au pays.
Les jours de la Monusco sont-ils comptés ?
Dans un échange téléphonique en début de semaine avec Antonio Guterres, Secrétaire général de l’Organisation des nations unies, ONU, le Chef de l’Etat congolais a exprimé sa désapprobation vis-à-vis « du comportement des casques bleus impliqués dans ces incidents », lors de ces différentes manifestations populaires exigeant le départ de la Monusco de la Rdc et pendant le forcing opéré dimanche au poste frontalier de Kasindi suivi d’une fusillade. Et Félix Tshisekedi a demandé à Antonio Guterres « de s’assurer que les coupables soient sévèrement sanctionnés ».
Pendant ce temps, les casques bleus qui ont péri à l’occasion de ces manifestations de colère ont été inhumés le 1er Août, et aucune autorité congolaise n’a pris part à cette cérémonie.
Toujours ce lundi 1er Août, au cours d’une réunion de crise qu’il a présidée dans la soirée à la Cité de l’Union africaine, UA, autour des présidents des deux chambres du Parlement, le Premier ministre ainsi que les membres de la commission spéciale du gouvernement déléguée dans la province du Nord-Kivu, Félix Tshisekedi a clairement instruit le gouvernement de diligenter une réunion avec la Monusco en vue de réévaluer le plan de retrait de cette mission onusienne pour répondre à la demande du peuple. Concrètement le retrait de la Monusco à l’échéance de 2024 comme programmé aupravant devra être avancé. Le plus tôt serait le mieux, pense un analyste, s’il faut s’en tenir aux revendications populaires.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la confiance est totalement rompue entre la force onusienne et les populations locales qui demandent son départ immédiat et sans condition pour son « inefficacité » voire son inertie face au phénomène de l’insécurité qui sévit dans l’Est du pays. Et le Président Tshisekedi doit se montrer à la hauteur.
Quelles conséquences ?
Le retrait éventuel de la Monusco, et quel que soit l’échéance, laisse entrevoir plusieurs scénarios, du plus catastrophiques aux plus positifs.
Dans une région de l’Est de la Rdc, où de chefs de guerre et groupes armés ont apparemment trouvé un terrain fertile pour troubler la paix, la présence des casques bleus de la Monusco avait un effet dissuasif, reconnaît-on dans certains cercles. Bien que cela n’a pas empêché un activisme particulier de ces forces négatives depuis l’instauration de cette force onusienne en Rdc.
Pour certains donc, un éventuel retrait de la Monusco, dans les conditions actuelles d’instabilité de la région, serait plus préjudiciable à la RDC. L’insécurité pourrait prendre un autre envol… Les Congolais sont alors invités à ne pas confondre d’ennemis. Il appartiendra alors à l’ONU de changer son fusil d’épaule et de repenser le mandat de sa force de la paix en Rdc pour l’adapter aux aspirations des populations en y mettant les moyens nécessaires.
A défaut, les Forces armées de Rdc, FARDC, dont c’est la responsabilité première de protéger les populations congolaises, devront se mettre davantage à l’évidence pour remplir comme il faut cette mission régalienne. C’est une option sur laquelle les autorités congolaises devront s’y pencher et travailler sérieusement dans la perspective du retrait anticipé ou non de la force onusienne de la Rdc, soulignent d’autres analystes. Il y a de régions de la Rdc, notamment le Tanganyika et le Kasaï, où la Monusco s’est déjà retiré, et la sécurité, assurée par les forces armées et de sécurité nationales, ne pose pas de problème. Ainsi l’argument de plus optimistes qui refuse d’imaginer l’apocalypse après le départ de la Monsuco.
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