Rdc : Sylvestre Ilunga capitule ! Fin de la saga d’une crise politique ratée

Initialement programmé pour le mardi 26 Janvier 2021, l’examen de la motion de censure contre le Premier ministre Sylvestre Ilunga et tout son Gouvernement devant aboutir à leur déchéance, a bien eu lieu 24 heures après, soit le mercredi 27 Janvier. Une étape cruciale dans l’offensive du président Félix Tshisekedi pour la mise à l’écart effective de son prédécesseur Joseph Kabila, lequel est resté omniprésent et puissant deux ans durant dans les institutions du pays malgré son départ théorique du pouvoir en Janvier 2019. A l’issue de ce rendez-vous tant attendu, l’Assemblée nationale a adopté, à une écrasante majorité de 367 voix contre 7, le texte déposé le 22 janvier par le député Chérubin Okende.  Ainsi destitué par la plénière qui l’avait investi, Sylvestre Ilunga Ilunkamba n’avait plus de choix que de présenter sa démission au Président Tshisekedi. Mais comment est-on arrivé à cette sorte de « capitulation » comme d’aucuns qualifient cette démission ?

301 députés sur 500 se réclamant de l’« Union sacrée de la nation », un nouveau courant politique initié et piloté depuis le dernier trimestre de 2020 par le président Tshisekedi entrent dans l’histoire de la Rdc, en signant la motion de censure qui fait tomber le 1er Ministre Ilunga, un protégé de Joseph Kabila.

Le Palais du peuple à Kinshasa, siège du Parlement congolais

En effet, alors qu’il était attendu le mardi 26 Janvier à l’hémicycle de la Chambre basse du Parlement pour avoir été préalablement notifié à cet effet le samedi 23 Janvier par le président du bureau de l’Assemblée nationale, Sylvestre Ilunga a quitté Kinshasa le dimanche 24 Janvier pour Lubumbashi dans le Katanga, afin d’aller consulter son autorité morale qu’est l’ex président Joseph Kabila. Vraisemblablement, c’est de ce dernier qu’il devait recevoir ou non l’aval pour démissionner de ce poste de Premier ministre qui ne tenait plus qu’à quelques jours, étant donné que la majorité parlementaire qui le soutenait avait déjà changé de camp. La plénière de l’Assemblée nationale qui était convoquée pour le mardi 26 Janvier a ainsi été retardée de 24 heures, le temps d’attendre son retour, lequel est intervenu le même mardi soir.

Sylvestre Ilunga de marbre…

Dans une réponse écrite à la motion de censure dont lui et son gouvernement étaient l’objet, et envoyée au président du bureau de l’Assemblée nationale, Sylvestre Ilunga qui ne s’est pas présenté ce mercredi 27 Janvier devant la plénière des députés nationaux où il était attendu, a dénoncé « une manœuvre politicienne sans fondement factuel au mépris des exigences de l’État de droit », en soutenant que ce bureau provisoire n’est pas compétent pour examiner une telle motion de défiance.

Parallèlement dans une autre lettre qu’il a adressée au Président Tshisekedi, Sylvestre Ilunga n’en démord pas avec son attitude anti-démission apparemment jusqu’au-boutiste : « Monsieur le Président de la République, je tiens à vous remercier sincèrement pour avoir bien voulu autoriser cette mission au cours de laquelle j’ai eu une séance de travail avec Joseph Kabila, autorité morale du Front Commun pour le Congo ainsi qu’avec différentes communautés du Grand Katanga. De toutes les discussions que j’ai eues avec ces derniers, il s’en est dégagé une recommandation unanime à savoir : je ne dois pas démissionner avant l’élection et installation du bureau définitif de l’Assemblée nationale ».

La position clairement affichée du Premier ministre Ilunga Ilunkamba telle que soutenue par son camp politique et clanique comme il l’a révélée, dégageait déjà l’odeur d’un blocage à l’horizon aux lourdes conséquences multiformes pour le pays. Qu’allait-il arriver ? Se posait-on la question dans l’opinion.

Ces 24 heures où les choses se sont bousculées

Le jeudi 28 janvier 2021 était dans la logique constitutionnelle le deadline pour la présentation par le Premier ministre déchu de sa démission auprès du Chef de l’Etat.

Entretemps, l’Informateur nommé le 1er Janvier dernier pour un mandat d’un mois renouvelable une fois par Félix Tshisekedi, en vue d’identifier une nouvelle majorité au niveau de l’Assemblée nationale, a présenté le rapport de sa mission ce jeudi 28 Janvier plus tôt que prévu. Il a réussi à identifier une nouvelle majorité de 391 députés sur 500, constituant désormais le capital  parlementaire du Président Félix Tshisekedi. « Nous avons pu identifier une coalition majoritaire au sein de l’Union Sacrée. Nous comptons 24 regroupements politiques et il y a un indépendant. Nous remettons donc la liste de 391 députés nationaux qui vont constituer cette majorité », a déclaré en substance Modeste Bahati.

Une évolution des rapports des forces opposant l’ancien président Joseph Kabila et l’actuel Félix Tshisekedi. Un changement tellement évident que de partisans de Joseph Kabila ne se sont pas retenus de s’avouer vaincus, en déclarant constituer la nouvelle opposition avec leur plateforme politique le Front commun pour le Congo.

Dans la même dynamique, le Premier ministre Sylvestre Ilunga publie un communiqué dans lequel il dit attendre la notification de la décision pour prendre ses responsabilités conformément à la Constitution. « Je me dois de reconnaitre la compétence de l’Assemblée Nationale à examiner la motion de censure qui m’a été destinée dès lors qu’elle a été signée par 301 Députés nationaux… Etant donné que les Députés Nationaux qui composent l’Assemblée nationale et ont été élus lors des élections générales de Décembre 2018 ont majoritairement voté le mercredi 27 Janvier 2021 la motion de censure contre mon Gouvernement, j’attends la notification de cette décision pour prendre mes responsabilités conformément à la Constitution. »

Vendredi de vérité

Comme il était attendu, le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilukamba a été notifié de sa destitution le vendredi 29 dans la journée par le Bureau de l’Assemblée nationale, dans un courrier dont copies envoyées également à la Présidence et à la Cour constitutionnelle pour information. « Il vous revient dès lors de remettre votre démission au Président de la République dans les 24 H à dater de la présente notification », pouvait-on lire essentiellement dans ce document signé par Christophe Mboso, Président du Bureau d’âge de l’Assemblée nationale.

Quelques heures après, le Premier ministre sera reçu par le Président Tshisekedi au Palais de la Nation, et à qui il va présenter sa démission.

Le Premier ministre Sylvestre Ilunga présentant sa démission au Président Tshisekedi

Au sortir de cette audience marquant la fin de cette saga politique, les déclarations de Sylvestre Ilunga Ilunkamba  faites en direction de l’opinion et essentiellement reprises ici, sont sans commentaires : « Comme tout le monde le sait, Moi, je suis avare des paroles verbeuses. Donc je vais me contenter de vous dire l’essentiel », a-t-il introduit, avant de poursuivre : « Nul n’ignore la situation politique de l’heure dans notre pays, je m’abstiens d’en épiloguer. Toutefois, tirant les conséquences de cette situation, j’ai décidé, en toute responsabilité et conformément à la Constitution de notre pays, de présenter la démission de mon Gouvernement au Président de la République, Chef de l’Etat ».

Pour plusieurs commentateurs, Sylvestre Ilunga Ilunkamba entre malheureusement dans l’histoire comme un des premiers ministres qui aura été « chassé » de la primature, alors qu’il avait toute la possibilité de sortir honorablement en démissionnant avant que les Députés nationaux se chargent de le faire descendre de son piédestal.   

Au-delà de tout, ce qui est évident est que cette démission effective du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, représente une victoire majeure pour le Président Tshisekedi. C’est un des derniers verrous du régime kabiliste qui vient de sauter. Et théoriquement, Félix Tshisekedi se voit élargir considérablement les marges des manœuvres pour une meilleure exécution de son programme d’action.   

Reste le bureau du Sénat tenu jusqu’à ce jour par Alexis Thambwe Mwamba, un autre dur à cuire et kabiliste inconditionnel. A ce niveau, la bataille attendue parait déjà remportée d’avance par Félix Tshisekedi d’après des échos en provenance de cette chambre haute du Parlement congolais. A moins qu’un sursaut de dernière minute du camp du Sénateur à vie réussisse à bloquer l’irrésistible avancée vers l’impérium intégral du Président Félix Tshisekedi.  

Wait and see !

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