Willy Bakonga avait déjà retrouvé son siège au Sénat avant d’être arrêté. Comprendre tout le dossier

Willy Bakonga avait déjà retrouvé son siège au Sénat avant d’être arrêté. Comprendre tout le dossier

Le ministre sortant de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique, EPST, de la République démocratique du Congo, RDC,  a été appréhendé le mardi soir à Brazzaville par les services de sécurité de ce pays voisin. Ce, quelques jours après le séjour du Président Tshisekedi auprès de son homologue Denis Sassou-N’Guesso. Willy Bakonga était en cavale, fouillant vraisemblablement la Justice suite aux soupçons de détournement de fonds présumé dont il fait l’objet. Un épisode qui marque une nouvelle étape dans la lutte contre le fléau de la corruption qui gangrène jusqu’au financement de la gratuité de l’enseignement. Un dossier qui n’a pas encore livré tous ses secrets, alors que cet élu de la Tshuapa avait écrit au bureau du Sénat le 17 Avril dernier, en vue de sa réintégration.

Elu parlementaire à deux niveaux, soit député national puis sénateur, Willy Bakonga avait laissé son siège de l’Assemblée nationale dès le début de la législature au profit de son épouse qui était sa première suppléante. Au Sénat, il a été remplacé par son frère Reagan Bakonga après sa nomination comme ministre d’Etat et ministre de l’EPST dans le Gouvernement Sylvestre Ilunga.

N’ayant pas été repris dans le nouveau Gouvernement Sama Lukonde nommé le lundi 12 Avril, Willy Bakonga a donc écrit au bureau du Sénat le 17 Avril pour réintégrer la Chambre haute comme sénateur.  Il se fait que son Frère Reagan a par une motion incidentielle au cours de la plénière de ce jeudi,  demandé ouvertement au bureau de rejeter cette demande. En réponse, le Speaker du Sénat Bahati Lukwabo a indiqué que conformément au règlement intérieur, la chambre a pris acte de la demande de Bakonga, et que pour le reste, Reagan Bakongo devait régler sa contestation au  niveau de la famille ou soit saisir la Justice.

Soupçonné de détournement et arrêté en flagrance à Brazzaville

Chargé de la mise en œuvre de cette mesure-phare de la gratuité de l’Enseignement prônée par le président Félix Tshisekedi, l’ex-ministre du tutelle sous l’ancien gouvernement Sylvestre Ilunga a été arrêté à Brazzaville alors qu’il tentait de s’enfuir vers la France. Sur demande de Kinshasa, Willy Bakonga a été débarqué mardi soir d’un vol d’Air France en partance pour Paris. Son extradition est également sollicitée par Kinshasa, renseignent certaines sources. « Il est détenu dans les locaux de la Centrale d’intelligence et de la documentation », ex-direction générale de la surveillance du territoire, DGST, ajoutent les mêmes sources.

Recherché par le parquet de la RDC depuis le 16 avril dans le cadre d’une affaire de détournement des fonds alloués au financement de la gratuité de l’Enseignement primaire public, Willy Bakonga est concrètement soupçonné du détournement de frais de fonctionnement d’écoles, de création d’écoles fictives et du versement de salaires à des enseignants fictifs.

Des élèves congolais dans une école du pays

D’après la vision, la gratuité devait soulager le budget des familles et permettre aux parents de ne plus payer les frais d’inscription des enfants à l’école ni aux examens, ni le salaire des enseignants. Elle devait aussi permettre de scolariser des enfants qui n’allaient pas à l’école faute d’argent. Plus de quatre millions de nouveaux élèves sont attendus pour l’année scolaire 2020-2021, selon les statistiques officielles. A sa mise en place, le coût de ce projet a été évalué à 2,6 milliards de dollars, une somme considérable par rapport au budget de l’État, qui s’élève à 6,8 milliards pour 2021.

L’ombre de la corruption et des détournements de fonds a très vite compliqué la mise en œuvre de cette mesure attendue par des millions de familles. En novembre, l’Inspection générale des finances, IGF, a rendu public un rapport qui a révélé l’existence d’enseignants fictifs dans des écoles inexistantes, de fausses factures, le tout pour un détournement présumé de 31 millions de dollars.

Le 25 mars, Michel Djamba Kahombe, inspecteur général de l’Enseignement primaire, secondaire et technique, EPST et Delphin Delyon Kampay, directeur national du Service de contrôle et de la paie des enseignants, SECOPE, ont été condamnés à 20 ans de prison pour détournement de fonds, un mois après leur arrestation, au terme d’un procès retransmis sur les ondes de la télévision d’État, la RTNC.

Une image du procès de détournement présumé des fonds de la gratuité de l’EPST

C’est à cause de toutes ces malversations que la Banque mondiale, qui s’était engagé à soutenir financièrement ce programme de gratuité, a annoncé qu’elle avait reporté à une date ultérieure le versement de 100 millions de dollars d’aide à la gratuité de l’enseignement en RDC, le temps de recueillir des informations supplémentaires concernant les conclusions de l’enquête de l’IGF. Au total la Banque mondiale avait prévu en 2020 de verser 800 millions de dollars sur quatre ans pour le renforcement du système éducatif en RDC.

Selon l’analyse de juristes, l’arrestation de Willy Bakonga à Brazzaville après une sortie frauduleuse du pays et en plus en possession de 2 millions de dollars américain en liquide, constitue un cas de flagrance. Ce qui fait que son statut de Sénateur ne pourra plus le protéger contre de poursuites judiciaires. La levée de son immunité parlementaire étant dans ce cas précis automatique.

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