Conférence sur les Grands-Lacs : Paris suscite plus de peur que d’espoir pour l’Est de la RDC
Paris la capitale de la République Française a servi de cadre à la tenue, du 30 au 31 Octobre, de la Conférence de soutien à la Paix dans la région des Grands lacs, en présence de plusieurs Chefs d’Etat, de représentants des gouvernements et de représentants des organisations humanitaires. Des assises très hautes en couleur qui ont abouti à l’annonce essentiellement de la mobilisation de plus de 1,5 milliards USD d’assistance pour les populations les plus vulnérables ainsi que de la réouverture de l’aéroport de Goma pour des vols humanitaires.
Emmanuel Macron de la France, Faure Gnassingbé du Togo et Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo, RDC, ont été les trois Chefs d’Etat présents à Paris ce jeudi 30 Octobre à la clôture de cet événement coorganisé par la France et le Togo. Paul Kagame du Rwanda et Evariste Ndayishimiye du Burundi notamment parmi d’autres Chefs d’Etat qui étaient vivement attendus, se sont faits représentés. Environ 70 délégations étaient présentes à cette occasion pour alerter sur la situation humanitaire dramatique dans la région des Grands Lacs, avec particulièrement l’une des crises les plus tragiques du monde qui ne cesse de s’aggraver à l’Est de la RDC.
Principal concerné, le Président Congolais Félix Tshisekedi a présenté la situation sécuritaire et humanitaire prévalant à l’Est de son pays, en appelant les dirigeants du monde ainsi que les partenaires à s’impliquer pour l’application effective de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il a affirmé que cette situation « n’est pas une crise passagère mais une tragédie prolongée qui a déplacé des millions de femmes, d’hommes et d’enfants, détruit des vies, brisé des familles, affaibli le tissu social et compromis l’avenir de toute une génération », avant de formuler trois demandes et trois offres comme suit : l’accès humanitaire immédiat sécurisé, grâce aux voies humanitaires sûres, pour acheminer des soins, de la nourriture, de l’eau et une assistance psychologique aux populations prises aux pièges.
Hôte de l’événement, Emmanuel Macron s’est dit fier d’annoncer la mobilisation de « plus de 1,5 milliard d’euros d’assistance pour les populations les plus vulnérables », ainsi que la réouverture dans les prochaines semaines de l’aéroport de Goma pour des vols humanitaires. Une reprise qui serait accompagnée de nouveaux corridors humanitaires, notamment depuis le Burundi, a précisé le Chef de l’État français.
Présent en tant que médiateur désigné par l’Union africaine, le Président Togolais Faure Gnassingbé a souligné la nécessité d’un contrôle africain renforcé sur l’aide humanitaire. Il a mis en garde contre le détournement de l’aide, les taxes illégales sur les convois, et les rapports de force qu’elle peut engendrer.
Ces constats, ces avertissements et ces grandes annonces qui ont de quoi susciter à la fois l’émulation et l’espoir, risquent de ne rien produire sur terrain. Les réactions du Rwanda par son ministre des Affaires étrangères après la Conférence, traduisent en effet une opposition catégorique de ce pays qui occupe illégalement de territoires congolais avec sa brigade avancée du M23, à la réouverture de l’aéroport de Goma, et pourtant voie par excellence pour l’entrée des aides et autres assistances au profit des populations sinistrées. A cela il faut ajouter l’incertitude de la libération rapide des fonds de la part de ceux qui s’y sont engagés comme cela a souvent été le cas par expérience dans le monde, surtout que l’échéancier n’est pas encore clair. Et pendant ce temps, là situation sociale et humanitaire dramatique des populations de l’Est de la RDC risque de s’aggraver davantage, font observer des analystes.
