Une question à Me Henry Mambangula : Comment analysez-vous toute l’agitation qui s’observe à la suite de l’interpellation du Gouverneur Bilolo par le Député Gonda ?
LesNews.Cd : Comment analysez-vous toute l’agitation qui s’observe à la suite de l’interpellation du Gouverneur Grâce Bilolo par le Député Cerlain Gonda ?
Me Henry Mambangula : « Mon analyse de l’agitation populaire consécutive à l’interpellation du Gouverneur de Province par l’honorable Cerlain Gonda
- Contexte
Au cours de la semaine écoulée, le Gouverneur de Province a été interpellé par l’honorable Cerlain Gonda, député provincial, dans le cadre de l’exercice du contrôle parlementaire.
Cet acte, prévu par la Constitution et les textes légaux régissant les institutions provinciales, a suscité une agitation inhabituelle au sein de l’opinion publique et de certaines couches de la population.
Cette situation appelle une lecture analytique afin d’en dégager les causes profondes et d’y apporter des pistes de compréhension institutionnelle.
- Fondement juridique de l’interpellation
L’interpellation d’un membre du Gouvernement provincial, y compris du Gouverneur, découle des dispositions de :
L’article 197 de la Constitution, qui confère à l’Assemblée provinciale le pouvoir de contrôle sur l’Exécutif provincial ;
La Loi organique n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces, qui précise les modalités d’exercice de ce contrôle.
Enfin, le règlement intérieur de l’Assemblée Provinciale.
Ainsi, l’acte posé par l’honorable député relève d’un devoir institutionnel régulier, inhérent à la mission de tout représentant du peuple dans une Assemblée provinciale démocratiquement élue.
III. Analyse de l’agitation populaire
L’agitation observée dans l’opinion publique ne trouve pas sa source dans l’acte juridique lui-même, mais dans des facteurs sociopolitiques et psychologiques plus profonds :
- Politisation de l’action parlementaire
L’opinion publique a tendance à interpréter chaque interpellation comme un affront politique, voire une tentative de déstabilisation, plutôt qu’un exercice de reddition des comptes. Cette perception déforme la nature institutionnelle du contrôle parlementaire.
- Faible culture démocratique et institutionnelle
Le citoyen moyen assimile encore le Gouverneur à une figure d’autorité quasi intouchable, oubliant que celui-ci demeure responsable devant l’Assemblée provinciale.
Ce déficit de culture institutionnelle alimente des réactions émotionnelles au détriment de la compréhension juridique.
- Méfiance envers les institutions
Les crises politiques récurrentes et certaines interpellations jadis motivées par des considérations partisanes ont fragilisé la confiance de la population envers les institutions, provoquant une réactivité immédiate à toute initiative parlementaire.
- Déficit de communication institutionnelle
L’absence d’une communication claire et proactive de la part des institutions provinciales laisse libre cours aux rumeurs, interprétations subjectives et manipulations sociales, amplifiant ainsi les tensions.
D’où, l’interpellation du Gouverneur par un député provincial doit être perçue non comme un acte d’hostilité, mais comme un mécanisme de transparence, de redevabilité et de bonne gouvernance.
L’agitation constatée démontre, cependant, la nécessité urgente de :
- Renforcer la sensibilisation citoyenne sur les rôles et responsabilités des institutions provinciales ;
- Encadrer la communication politique et institutionnelle autour des actes parlementaires, afin d’éviter les malentendus ;
- Promouvoir une culture démocratique responsable, fondée sur le respect mutuel entre pouvoirs publics et sur la maturité politique de la population ».
Me Henry MAMBANGULA ZOLA
Avocat.
Notable Ne Kongo.
