Vaccination anti Covid-19 : L’attitude du Président Tshisekedi jugée ici par l’épidémiologiste et représentant Afrique pour Épicentre

Vaccination anti Covid-19 : L’attitude du Président Tshisekedi jugée ici par l’épidémiologiste et représentant Afrique pour Épicentre

La République démocratique du Congo, RDC, fait face à une troisième vague assez inquiétante, dite « Delta » du Covid-19.  Le tableau de la situation sur le terrain s’assombrit de plus en plus. Les hôpitaux sont saturés par les malades du Covid-19 et craignent une pénurie d’oxygène alors que le nombre de cas connus ne fait qu’augmenter. Une bonne partie de la population demeure toujours sceptique sur l’existence même de la maladie, ce qui continue de peser sérieusement sur la campagne de vaccination qui peine encore à faire un grand bond, le nombre des vaccinés demeure encore insignifiant. La dernière déclaration du Président Félix Tshisekedi sur son refus à se faire piquer le Covishield,  vaccin d’AstraZeneca, est une donne qui s’ajoute. Une attitude qui continue d’alimenter les débats tant dans le pays qu’en dehors. Et l’épidémiologiste et représentant Afrique pour Épicentre, Yap Boum s’en est mêlé, en livrant son analyse d’expert auprès de notre consœur TV5Monde.

« J’ai bien fait de ne pas me faire vacciner », a déclaré dans une interview le Chef de l’Etat Congolais Félix Tshisekedi, le jeudi 1er Juillet dernier.

Dans la foulée, Érik Nyindu, directeur de la communication de la présidence, qui parle d’un malentendu, précise chez notre consœur Rfi : « Le président est un fervent promoteur de la vaccination en tant que recommandation de santé publique. L’organisme africain de contrôle et de prévention des maladies a validé le vaccin AstraZeneca. Les autorités congolaises l’ont aussi validé, c’est pourquoi ce vaccin est très utilisé et de nombreuses personnes se font vacciner. Maintenant sur un autre plan, le président a dit, personnellement que lui avait des doutes sur ce vaccin. Et sur le plan personnel, il attendrait que – et ça va se faire de manière imminente – l’arrivée en RDC d’autres lots de vaccins. À ce moment-là, quand il y aura une panoplie plus large, il se fera vacciner. Le vaccin, ce n’est pas une obligation légale, c’est une recommandation, chacun est libre de se faire vacciner ou pas ».

Une attitude du Président Tshisekedi au cours de son interview du 1er Juillet 2021
avec la Presse nationale

De son côté, l’épidémiologiste et représentant Afrique pour Épicentre, Yap Boum, a fait son analyse sur cette attitude peu ordinaire de Félix Tshisekedi.

« On peut y voir plusieurs choses. Cela peut être d’abord le refus de ce double standard (ndlr : le vaccin Covishield distribué par le système Covax est identique à l’AstraZeneca mais n’est en revanche pas reconnu par l’Union Européenne). Il peut prendre deux positions, celle du président de la RDC, un des pays les plus touchés du continent, et celle du président de l’Union Africaine, une organisation qui se disait encore il y a quelques jours concernée par le fait que le vaccin ne soit pas reconnu par l’Union Européenne. 

Le fait de refuser ce vaccin sous la suspicion d’un double standard, c’est un véritable geste politique fort, je pense. Car finalement on n’a pas beaucoup de leviers en termes de résistance. Cela va forcément avoir un impact majeur. Il envoie un message qui peut avoir une grande portée. On en parle dans la presse. À part ça, quel poids réel l’Union Africaine peut avoir aujourd’hui sur la décision de partage des vaccins ?

Si elle (Ndlr : l’attitude du Président Tshisekedi)  ne la remet pas en cause, c’est en tout cas un véritable challenge à relever. On se tire une balle dans le pied ici. Mais en réalité, s’il n’y avait pas eu de suspicion quant à la différence entre les vaccins AstraZeneca et Covishield, il ne se serait pas prononcé. Je pense que tout part de là. Il y a un problème en termes de communication de la part des laboratoires AstraZeneca, qui produit les deux vaccins, dans deux environnements différents (en Inde et en Europe). À mon sens, il est compréhensible et normal, d’un point de vue réglementaire, que des vaccins produits en Inde ne soient pas soumis au marché européen. Mais le problème se pose pour la population. Si les choses avaient été expliquées clairement dès le début du processus, les choses se seraient mieux passées. Ils auraient dû communiquer sur le fait que ce sont deux vaccins identiques, mais produits avec des procédures différentes. Là, les gens l’ont appris au moment où certains ont voulu voyager. Ils ne pouvaient pas car ils avaient « l’autre vaccin ».  C’est alors devenu un problème. 

Du coup, le public, même averti, ne va pas massivement se faire vacciner. Ce matin je donnais cours à une cinquantaine d’épidémiologistes. Seuls quatre étaient vaccinés. Le facteur d’hésitation, qui revenait le plus, c’était le doute sur ce vaccin. Surtout que nous sommes dans un pays où on ne connaît pas de flambée majeure (Cameroun, ndlr) ».

Dans son Conseil des ministres du 25 Juin dernier, le Gouvernement congolais a annoncé l’arrivée au pays en ce mois de Juillet d’autres vaccins autres qu’AstraZeneca. Au total, 5,9 millions de doses des vaccins contre la maladie à Coronavirus devront donc arrivées en Rdc. Il s’agit, notamment des vaccins Pfizer, Sinovac, Johnson and Johnson’s.

Avec ce nouvel arrivage, beaucoup attendront voir le Président Tshisekedi se faire vacciner avec son épouse Denise Nyakeru tel qu’il avait lui-même annoncé. 

D’après les statistiques du 4 Juillet fournies par le Secrétariat technique du Comité multisectoriel de riposte Anti Covid-19, la RDC  enregistre un cumul de 42.617 cas confirmés, dont 962 décès et 28.523 guéris. Côté vaccination, le pays avoisine déjà les 60.000 personnes ayant déjà reçu au-moins une dose.

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