Dossier Bukanga-Lonzo : Augustin Matata Ponyo menace l’IGF

Trois mois environ après la sortie médiatique de l’Inspecteur général des Finances sur l’enquête menée par sa structure concernant le Parc agroindustriel de Bukanga-Lonzo, où il a été révélé entre autres que 205 millions Usd ont été abusivement perdus dans ce projet, Augustin Matata Ponyo à l’époque Premier ministre et pointé du doigt dans ces détournements présumés, a réuni la presse ce vendredi 12 Février à Kinshasa, pour livrer sa version des faits. Une énième tentative d’explication sur ce scandale, de la part de l’homme à la légendaire cravate rouge, visiblement décidé à en découdre avec l’IGF qui apparaît désormais comme sa bête noire.

L’Inspection Générale des Finances, IGF, a révélé dans ladite enquête que 285 millions USD au total ont été décaissés par le Gouvernement congolais. Une autre révélation de l’IGF sur le dossier est que 205 millions USD ont été perdus dans ce projet. Six personnes sont ainsi identifiées comme responsables, au nombre desquelles deux qui sont couvertes par des immunités parlementaires, un expatrié, un congolais en fuite à l’étranger et un autre congolais encore sur le sol national. Matata Ponyo, aujourd’hui sénateur, est nommément cité parmi les deux personnes couvertes par des immunités parlementaires.

L’IGF qui a tenu à rappeler dans ce rapport rendu public le 18 Novembre 2020 que l’un des objectifs de cette mission était de rechercher les causes du « débâcle financier » du projet Bukanga Lonzo, a affirmé en plus que l’échec de ce projet était déjà planifié dès son élaboration.

Lire également https://lesnews.cd/2020/11/18/bukangalonzo-et-go-pass-finalement-ligf-creve-labces/

Des affirmations de cette structure dépendant de la Présidence de la République loin d’enchanter Augustin Matata Ponyo pour qui « Toutes les études relatives au projet Bukanga-Lonzo ont été faites par des bureaux d’études indépendants et de renommée internationale. En aucun moment, la primature sous mon autorité n’a piloté une quelconque étude en relation avec le projet Bukanga-Lonzo…. Il est évident que la démarche de l’IGF ait des objectifs politiques. Car, je ne peux pas comprendre que chaque fois qu’il faille parler de la débâcle de Bukanga-Lonzo, mon nom soit cité. En ce qui me concerne, je n’ai détourné aucun dollar américain du projet Bukanga-Lonzo, directement ou indirectement. J’attends le meilleur Inspecteur des finances pour pouvoir démontrer l’implication de Matata Ponyo dans le détournement d’un seul rond destiné au développement du projet. L’actuel inspecteur, agité, cherche à tout prix à atterrir sur ma personne ».

Le 25 Janvier dernier, trois journalistes, Rachel Kitsita d’Actu30, Eric Tshikuma de ZoomEco et Israël Mutala de 7sur7, qui avaient mené des enquêtes de leur côté, avaient livré leur rapport en concluant pour leur part qu’au terme de cette enquête, la débâcle de ce projet du Parc Agroindustriel de Bukanga Lonzo, PAIBL, n’est due ni à une prétendue absence d’étude du sol, ni à un détournement des fonds, ni à la surfacturation de certains biens ou services. Selon eux, « la raison principale de la débâcle du Parc Agroindustriel de Bukanga Lonzo est l’arrêt brusque de son financement par le gouvernement en février 2017. Bien que le management d’AFRICOM, gestionnaire financier et technique du PAIBL, ne soit exempt de tout reproche, car des fautes ont été décelées, mais celles-ci n’étaient pas de nature à provoquer l’effondrement du projet. C’est l’assèchement du financement, pour un jeune projet qui en avait encore cruellement besoin, 520 millions USD pour la maturité du projet, qui sonna le glas du PAIBL. Toutefois, ce fiasco n’est pas irréversible. Si le gouvernement décide de le relancer, l’investissement déjà consenti, près de 153 millions USD sera récupéré et rentabilisé ».

Les conclusions de cette enquête journalistique fait sans nul doute le compte de Matata Ponyo, qui en a profité pour tirer ce vendredi 12 Février sur l’IGF et menacer : « Les inspecteurs des finances ne sont pas arrivés. Ils sont partis par le développement intellectuel et indirect qui n’a rien à voir avec ce que le peuple attend. Je me réserve le droit de traduire en justice pour accusation mensongère, diffamation et atteinte à la réputation à mon endroit ».

Déjà le 30 Janvier 2021, en réaction respectivement à d’autres déclarations faites quelques jours avant par Matata Ponyo sur le rapport de ses enquêtes et aux conclusions du travail d’investigation journalistique sur ce dossier, l’IGF avait déclaré en substance ce qui suit  dans un communiqué rendu public : « Les déclarations de Matata Ponyo sont donc des contre-vérités à classer dans le même ordre que le théâtre du rapport d’une parodie d’enquête journalistique publiée la semaine passée… » en invitant l’ancien premier ministre devenu sénateur à «garder son calme comme font les 6 autres personnes citées dans l’affaire Bukanga-Lonzo et qui attendent avec sérénité le procès et à éviter surtout des agitations inutiles ».

Face à ce qui apparaît aujourd’hui comme un jeu de ping-pong entre l’IGF et Augustin Matata Ponyo, il reste à la seule Justice de rétablir la vérité dans ce dossier qui continue de tenir les Congolais en haleine. Dossier à suivre.

SVP ! Aimez et Partagez
Pin Share
RSS
Suivez par Email
Twitter
Visit Us
Follow Me
LinkedIn
Share